
Une Transition Trump Dominée par les Titans de la Silicon Valley
Alors que Donald Trump s'apprête à entrer à la Maison Blanche, un groupe d'entrepreneurs et d'investisseurs de la Silicon Valley s'active en coulisses pour influencer la transition présidentielle. Selon le New York Times, pas moins d'une "douzaine d'alliés d'Elon Musk" auraient mis entre parenthèses leurs activités quotidiennes pour endosser le rôle de conseillers officieux auprès de l'équipe Trump.
Les hommes de Musk investissent Washington
Parmi les personnalités de la tech impliquées, on retrouve notamment Jared Birchall, le bras droit d'Elon Musk et directeur de son family office, qui aurait participé à des entretiens avec des candidats à des postes au Département d'État. Marc Andreessen, célèbre capital-risqueur de la Silicon Valley, se serait quant à lui entretenu avec des prétendants à des rôles de premier plan au Département d'État, au Pentagone et au Département de la Santé.
D'autres figures emblématiques de l'écosystème tech se sont également mobilisées :
- Shaun Maguire de Sequoia Capital, qui évalue les nominations pour la communauté du renseignement
- Trae Stephens, co-fondateur d'Anduril, et Shyam Sankar, directeur technologique de Palantir, qui ont échangé avec des responsables de la transition Trump au sujet de rôles au Pentagone
- Les entrepreneurs Mark Pincus et David Marcus, qui ont participé à des entretiens avec de potentiels membres de l'administration Trump
La mère d'Elon Musk elle-même, Maye Musk, a confié lors d'une récente interview apprécier "assister aux réunions" avec son fils. Une influence qui s'étend donc jusqu'au cercle familial du milliardaire.
Un lobbying discret mais efficace
Si l'implication de ces grands noms de la tech dans la transition présidentielle peut surprendre, elle témoigne en réalité d'une volonté de peser sur les orientations de la future administration en matière de régulation du numérique, de politique industrielle ou encore d'innovation technologique.
La Silicon Valley a toujours su faire entendre sa voix à Washington, que ce soit par du lobbying assumé ou une influence plus feutrée. Avec la transition Trump, on assiste à une accélération de cette dynamique.
– Mike Butcher, journaliste tech
En plaçant leurs pions au sein du futur gouvernement, les géants de la tech cherchent ainsi à façonner un cadre réglementaire qui leur soit favorable et à défendre leurs intérêts dans des domaines aussi stratégiques que l'intelligence artificielle, la voiture autonome ou la conquête spatiale.
Musk, grand vainqueur de la présidentielle
Le principal bénéficiaire de cette opération d'influence semble être Elon Musk lui-même. Proche de Donald Trump, avec qui il a tissé des liens dès son élection en 2016, l'entrepreneur a eu l'occasion de faire avancer ses projets auprès du locataire de la Maison Blanche, de la construction d'usines Tesla aux États-Unis au développement de son programme spatial SpaceX.
Avec ce nouveau coup de force, Musk consolide un peu plus son statut de personnalité incontournable dans le débat public américain. Un atout de taille alors que ses entreprises font face à des défis croissants, des enquêtes sur la sécurité des véhicules Tesla au lancement chaotique des satellites Starlink.
La tech, nouveau centre de gravité du pouvoir ?
Au-delà du cas Musk, cette main-mise des géants de la tech sur la transition Trump pose question. Elle confirme le poids prépondérant pris par la Silicon Valley dans le jeu politique américain, au point de faire de l'ombre aux lobbies traditionnels de l'industrie ou de la finance.
Une situation qui interroge sur l'équilibre des pouvoirs et les risques d'une captation de la décision publique par quelques acteurs privés dominants. Alors que les enjeux numériques n'ont jamais été aussi prégnants, du devenir de la démocratie à l'avenir du travail en passant par l'urgence climatique, il y a urgence à réguler l'influence des géants de la tech.
Loin d'être anecdotique, l'investissement des alliés d'Elon Musk dans la transition Trump est donc le symptôme d'une évolution profonde des rapports de force. Dans un monde où les données et les algorithmes dessinent les contours du réel, la Silicon Valley semble plus que jamais en mesure d'imposer sa vision. Aux pouvoirs publics de réaffirmer la primauté de l'intérêt général.