
SailPoint, L’Introduction Décevante En Bourse Refroidit Les Ardeurs IPO
Après une longue période de vaches maigres, le marché des introductions en bourse (IPO) dans la tech attendait avec impatience un catalyseur pour retrouver des couleurs. Malheureusement, la cotation de SailPoint ce jeudi n'a pas réussi à jouer ce rôle, malgré des prémices pourtant encourageants.
Un accueil mitigé pour le retour en bourse de SailPoint
L'éditeur de logiciels de sécurité informatique a fait son grand retour sur les marchés après avoir été retiré de la cote en 2022 par le fonds de capital-investissement Thoma Bravo. Ce dernier avait alors valorisé SailPoint à hauteur de 6,9 milliards de dollars.
Pour son IPO, la société a émis 60 millions d'actions au prix unitaire de 23 dollars, légèrement au-dessus de la fourchette initialement annoncée de 19-21 dollars. SailPoint a ainsi levé plus de 1,3 milliard de dollars, qui serviront à financer ses opérations et à rembourser environ 1,5 milliard de dette figurant à son bilan.
Malgré cette opération réussie, le titre a terminé sa première séance en-dessous de son prix d'introduction, à 22,80 dollars (-0,9%). Le rebond du lendemain, avec une clôture à 24,20 dollars (+5,2%), n'a pas totalement convaincu les observateurs sur la solidité de cette IPO.
L'ombre de ServiceTitan et la frilosité des investisseurs particuliers
Le contraste est saisissant avec la dernière grande introduction en bourse dans la tech, celle de ServiceTitan en décembre dernier. Le spécialiste des logiciels pour artisans avait alors vu son cours s'envoler de 71 à 105 dollars dès le premier jour, et se maintient depuis autour des 100 dollars.
Cet enchaînement de succès aurait pu signaler un redémarrage du marché des IPO tech, à l'arrêt depuis de longs mois. Mais l'accueil en demi-teinte réservé à SailPoint montre que les investisseurs particuliers restent prudents et sélectifs.
J'hésite à tirer trop de conclusions sur l'appétit pour les IPO tech ou logiciels à partir de ce cas. Même si la croissance de SailPoint est bonne, la société ne s'est peut-être pas suffisamment démarquée dans le paysage de la cybersécurité pour mériter une valorisation premium.
– Nick Einhorn, analyste chez Renaissance Capital
Un rachat par un fonds plutôt qu'une startup typique
Il faut dire que le profil de SailPoint est atypique pour une introduction en bourse tech. Il ne s'agit pas d'une jeune pousse ayant grandi avec du capital-risque, mais d'une entreprise déjà bien établie, précédemment cotée, puis retirée de la bourse par un fonds de PE.
Ce genre d'opérations de LBO (Leverage Buy-Out) ne génère généralement pas le même engouement que les IPO de startups en hyper-croissance, à l'instar de ServiceTitan. Les investisseurs apprécient le potentiel des jeunes pousses dans des marchés d'avenir.
Dans le cas de SailPoint, il s'agit plus d'un pari sur la capacité de Thoma Bravo (qui reste actionnaire majoritaire) à bien gérer et développer son portfolio. Une perspective certes intéressante, mais moins excitante qu'une aventure entrepreneuriale.
Malgré tout, des points positifs pour SailPoint et Thoma Bravo
Néanmoins, il faut souligner certains éléments encourageants. L'entreprise affiche désormais une valorisation boursière de près de 13 milliards de dollars, soit quasiment un doublement par rapport au prix payé par Thoma Bravo il y a trois ans.
De plus, le prix final de l'action a dépassé les attentes initiales. Mark McClain, le PDG de SailPoint, se félicite ainsi d'une IPO réussie, le titre passant "d'un milieu de fourchette à 20$ à une clôture à 25$ au deuxième jour".
Ces performances, même si elles n'ont pas déclenché l'euphorie espérée, permettent à SailPoint de renflouer ses caisses et de poursuivre sa stratégie de croissance. Thoma Bravo de son côté engrange une plus-value conséquente sur son investissement.
Cependant, pour les startups tech en fin de cycle et leurs employés qui espèrent des IPO façon success story à la ServiceTitan, le message est clair : le marché n'est pas encore complètement dégagé, et le chemin vers la cotation reste semé d'embûches.
En attendant un véritable rebond des introductions en bourse dans la tech, les entreprises devront convaincre sur leur solidité et leur potentiel de croissance de long terme. Ouvrir la voie ne suffit plus, il faut aussi rassurer des investisseurs échaudés et de plus en plus regardants.