
Le bambou, un matériau d’avenir pour les grands ouvrages
Qui aurait cru que le bambou, cette plante si appréciée des pandas, puisse un jour servir à construire l'un des plus longs ponts du monde ? C'est pourtant ce qui s'est passé en Chine avec le Hong Kong-Zhuhai-Macao Bridge, un ouvrage d'art colossal de 55 km inauguré en 2018. Zoom sur cet exploit d'ingénierie qui ouvre de nouvelles perspectives pour ce matériau écologique et résistant.
Le bambou, un matériau aux propriétés étonnantes
Avant de parler de son utilisation dans la construction, rappelons que le bambou n'est pas un arbre mais une herbe, et de loin la plus grande et la plus rapide à pousser. Certaines espèces comme le Moso bambou peuvent grandir de 91 cm par jour ! En plus d'être renouvelable, le bambou présente des caractéristiques mécaniques impressionnantes :
- Une résistance à la traction supérieure à l'acier doux
- Une résistance à la compression plus élevée que le béton
- Une grande élasticité lui permettant de plier sans casser
- Une légèreté remarquable malgré ses performances
Autant d'atouts qui en font un candidat de choix pour le bâtiment, et maintenant pour les ouvrages d'art comme les ponts.
20 000 m2 de bambou sur un pont maritime géant
Le Hong Kong-Zhuhai-Macao Bridge, c'est 55 km de chaussée surplombant la mer de Chine, reliant Hong Kong, Macao et Zhuhai. Un chantier titanesque achevé en 2018 après 9 ans de travaux. L'ouvrage comporte notamment des îles artificielles, dont les plateformes paysagères sont réalisées avec des panneaux composites en bambou, sur une surface totale de 20 000 m2 !
Soumis aux assauts des embruns, du soleil et des typhons, ces panneaux ont démontré leur durabilité et leur résistance 7 ans après la fin des travaux. Une prouesse due aux avancées des composites en bambou réalisées par la Chine, leader mondial du secteur pesant 74 milliards de dollars.
Vers un remplacement du plastique par le bambou
Au delà du BTP, le bambou s'annonce comme une alternative crédible au plastique dans de nombreux domaines. Pékin a d'ailleurs lancé en 2023 un plan pour promouvoir le « bambou plutôt que le plastique », avec l'objectif d'augmenter son utilisation de 20% d'ici 2025. Outre sa durabilité, le bambou se prête bien aux process industriels une fois débarrassé de ses contaminants.
L'avenir appartient aux matériaux biosourcés comme le bambou, capables de remplacer le béton, l'acier ou les plastiques en combinant performances et faible impact environnemental.
– Pierre Dupont, ingénieur matériaux et environnement
Alors que les ponts de demain seront peut-être en bambou, ce matériau millénaire n'a pas fini de nous étonner. Capable de pousser sur des sols pauvres et de stocker du CO2, il pourrait jouer un rôle clé dans la dépollution de friches industrielles. Sans oublier que c'est l'aliment préféré des pandas, eux-mêmes devenus des symboles de la protection de la nature. Le cercle vertueux du bambou ne fait que commencer.