
Captage et stockage du CO2 : Défis et opportunités
Le captage et stockage du CO2 (CCS) est sur toutes les lèvres quand on parle de neutralité carbone. Cette technologie, qui consiste à capter le CO2 émis par les industries puis à le stocker de façon permanente dans des réservoirs géologiques, apparaît en effet indispensable pour atteindre l'objectif zéro émission nette d'ici 2050. Pourtant, malgré des progrès récents, elle peine encore à se déployer à grande échelle. Quels sont les principaux défis à relever ? Et quelles opportunités pour structurer une véritable filière CCS ? Éléments de réponse avec Sylvain Delerce, directeur de recherche associé de l'ONG Carbon Gap.
Le CCS, un maillon essentiel vers la neutralité carbone
Tous les scénarios du GIEC pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C impliquent le recours au captage et stockage du CO2 émis par l'industrie (CCS) ainsi qu'à l'élimination du CO2 déjà présent dans l'atmosphère (CDR). Ces technologies sont en effet cruciales pour décarboner des secteurs difficiles à électrifier comme la sidérurgie, le ciment ou la chimie.
Sylvain Delerce insiste cependant :
Ce n'est pas parce qu'on travaille sur une solution climatique qu'on oublie toutes les autres. Le CCS n'est pas une alternative à la réduction des émissions. On élargit juste le portefeuille d'outils disponibles.
Sylvain Delerce, Carbon Gap
CCS : une filière en développement mais qui manque encore de maturité
Si le principe du captage et stockage géologique du CO2 est connu depuis longtemps, le déploiement de cette technologie à l'échelle industrielle n'a vraiment démarré que récemment, dopé par des incitations politiques croissantes. En Europe, l'élaboration de la stratégie de gestion du carbone industriel a marqué une étape importante pour accompagner les investissements.
Mais il reste encore de nombreux obstacles à lever, comme l'explique Sylvain Delerce :
- Le manque de visibilité des industriels sur la rentabilité des projets CCS à long terme.
- Le risque financier qui doit être partagé entre tous les maillons de la chaîne (captage, transport, stockage).
Créer les conditions d'investissement pour massifier les projets CCS
Pour Sylvain Delerce, la clé est de distribuer les risques le long de la chaîne de valeur CCS. Concrètement, cela signifie :
- Des mécanismes pour assurer les industriels d'un prix du carbone suffisamment élevé et stable dans la durée.
- Une répartition des responsabilités entre les différents opérateurs (qui prend en charge le CO2 et à quel moment).
- Une implication de la puissance publique pour créer un cadre incitatif et absorber une partie des risques.
Le développement à grande échelle de la filière CCS dépendra de la capacité à mettre en place ces conditions. C'est tout l'enjeu des travaux actuels menés au niveau européen. Il y a urgence à agir pour tenir les objectifs climatiques, mais également à saisir les opportunités industrielles et économiques qu'offrent ces technologies d'avenir.