Chômage des Jeunes au Sénégal : Quel Bilan en 2025 ?

Et si votre diplôme ne valait plus rien ? Au Sénégal, en ce printemps 2025, des milliers de jeunes se réveillent chaque jour avec cette question lancinante. Il y a un an, un vent d’optimisme soufflait sur le pays : une nouvelle équipe au pouvoir, des promesses audacieuses, et une jeunesse prête à y croire. Mais aujourd’hui, entre espoirs déçus et patience mise à rude épreuve, le tableau est loin d’être idyllique. Plongez dans une réalité où l’attente se mêle à l’ambition, et où chaque jour sans emploi redessine les contours d’un futur incertain.

Un An Après : La Jeunesse Sénégalaise à la Croisée des Chemins

En mars 2024, le Sénégal vibrait d’une énergie rare. Une victoire électorale écrasante, portée par une vague de contestation populaire, installait au pouvoir des visages nouveaux, des leaders promettant de tout changer. Leur credo ? Justice sociale, emploi pour tous, et une souveraineté retrouvée. Un an plus tard, en mars 2025, le constat divise. Si certains saluent des premiers pas encourageants, d’autres pointent du doigt un immobilisme inquiétant. Alors, où en est-on vraiment ?

Une Démographie Explosive, un Chômage Tenace

Le Sénégal, c’est avant tout une population jeune : **75 % des habitants** ont moins de 35 ans. Un potentiel énorme, mais aussi une bombe à retardement. Car derrière ce chiffre se cache une vérité brutale : le chômage touche une part massive de cette génération. Fin 2024, le taux officiel atteignait **20,3 %**, contre 19,5 % un an plus tôt. Une légère hausse, mais surtout un signal clair : les solutions peinent à suivre le rythme des besoins.

Prenez Mamadou, 29 ans, titulaire d’un master en géographie. Depuis 2019, il enchaîne les petits boulots, loin de ses ambitions. “J’espérais qu’avec eux, ça bougerait vite”, souffle-t-il. Comme lui, beaucoup de diplômés se retrouvent coincés, oscillant entre résignation et un mince filet d’optimisme.

Les Promesses d’Hier Face aux Réalités d’Aujourd’hui

Les nouveaux dirigeants n’ont pas chômé dans leurs discours. Réformer l’économie, créer des opportunités, briser les chaînes d’un système hérité : les mots étaient forts. Mais gouverner, c’est autre chose. L’équipe au pouvoir hérite d’une situation qualifiée de chaotique – une économie fragile, des infrastructures à bout de souffle, et des attentes immenses. Un an, est-ce suffisant pour tout changer ?

“Un an, c’est rien. Laissez-les poser les bases, ça viendra.”

Un habitant de Thiès, confiant mais prudent

Ce point de vue, beaucoup le partagent. Pourtant, la patience a ses limites. Car pendant que les bases se posent, les jeunes, eux, attendent des résultats concrets – un emploi stable, un salaire décent, une raison de rester au pays.

Entrepreneuriat : Une Lumière dans la Pénombre ?

Face au chômage, le gouvernement mise gros sur l’entrepreneuriat. Depuis 2024, une structure dédiée a injecté **26 milliards de francs CFA** pour financer **40 000 projets**. Sur le papier, c’est impressionnant. Des jeunes se lancent dans des micro-entreprises, des ateliers artisanaux aux services numériques. Mais dans les rues de Dakar, le son de cloche est différent.

“Devenir chauffeur de moto-taxi, c’est pas un projet d’avenir”, lâche Aliou, 19 ans, posté sur un coin de trottoir. Pour lui, ces initiatives, bien que louables, restent des pansements sur une plaie béante. Ce qu’il veut, comme tant d’autres, ce sont des industries, des usines, des emplois durables.

Initiative	Projets	Montant
Soutien Entrepreneurial	40 000	26 milliards FCFA

L’Émigration, Symptôme d’un Malaise Profond

Et puis, il y a ceux qui partent. Chaque année, des centaines de jeunes tentent la traversée vers l’Europe, souvent au péril de leur vie. En 2024, les chiffres ont grimpé, portés par un désespoir palpable. Un pêcheur de 19 ans, assis sur sa pirogue à Joal, résume : “Ici, la mer ne donne plus rien. Là-bas, peut-être.”

Le président a réagi, exigeant une stratégie emploi d’ici fin avril 2025. Mais pour beaucoup, ce délai sonne comme une éternité. Car chaque bateau qui part emporte avec lui un morceau d’espoir – et un cri d’alarme.

Souverainisme : Force ou Fardeau ?

Le régime brandit fièrement son étendard souverainiste. Refuser la dépendance, bâtir une économie autonome : l’idée séduit. Mais dans un monde globalisé, cette posture a un coût. “On ne peut pas tout faire seuls”, argue Aïssatou, étudiante en gestion. Pour elle, attirer des investisseurs étrangers est une nécessité, pas une trahison.

Ce débat cristallise les tensions. D’un côté, les puristes défendent une indépendance totale. De l’autre, les pragmatiques appellent à un équilibre. Pendant ce temps, les caisses de l’État grincent, et les projets ambitieux restent en suspens.

Et Demain ? Entre Attente et Action

Un an, c’est court pour révolutionner un pays. Les soutiens du pouvoir le martèlent : il faut du temps pour déraciner des décennies de stagnation. Mais pour une jeunesse qui a tout donné – ses votes, ses rêves, parfois sa vie dans les manifs – chaque jour compte.

Alors, où va le Sénégal en 2025 ? Entre les financements aux petits projets, les discours enflammés et les appels à l’action, une chose est sûre : la patience s’effrite. Et si l’espoir tient encore, il repose sur un fil fragile.