L’Antisémitisme en France : Un Sursaut National est-il Possible ?

Imaginez rentrer chez vous après une journée paisible, votre enfant à vos côtés, lorsque soudain, la violence surgit de nulle part. C’est ce qu’a vécu Arié Engelberg, rabbin d’Orléans, agressé sauvagement en pleine rue devant son fils de 9 ans. Cet acte, survenu le samedi 22 mars 2025, n’est pas qu’un fait divers : il résonne comme un cri d’alarme dans une France où l’antisémitisme semble reprendre ses droits. Son avocate, bouleversée, lance un appel vibrant à un "sursaut national". Mais que signifie vraiment cet appel, et peut-il changer la donne ?

Un Acte qui Révèle une Blessure Profonde

Ce jour-là, en début d’après-midi, la vie d’Arié Engelberg bascule. Alors qu’il quitte la synagogue, un jeune individu l’aborde avec une question anodine qui cache une intention glaçante : "Vous êtes juif ?" La réponse affirmative déclenche une cascade de coups, d’insultes et une morsure à l’épaule. Son fils, témoin impuissant, assiste à cette scène brutale. Cet événement n’est pas isolé : il s’inscrit dans un contexte où les actes antisémites se multiplient, défiant les valeurs d’égalité et de fraternité chères à la République.

L’avocate du rabbin, Alexandra Levy-Druon, ne mâche pas ses mots. Elle décrit un homme "encore sous le choc", concentré sur le rétablissement de son fils, tandis que la communauté juive d’Orléans se mobilise. Une marche silencieuse est prévue ce mardi soir à 18h, partant de la synagogue, pour témoigner d’un soutien indéfectible et d’un refus de céder à la peur. Mais au-delà de ce geste, c’est une réflexion nationale qui s’impose.

L’Antisémitisme : Un Fléau qui Persiste

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2024, plus de 1 500 actes antisémites ont été recensés en France, une tendance qui ne faiblit pas. Ces agressions, souvent dirigées contre des individus en raison de leur foi, ne sont pas de simples incidents : elles traduisent une haine ancrée, parfois banalisée. L’histoire nous rappelle que l’antisémitisme est un baromètre de la santé d’une société. Quand il prospère, c’est tout un équilibre qui vacille.

Pourtant, cet acte à Orléans a quelque chose de particulièrement troublant. Il ne s’agit pas d’un graffiti ou d’une injure isolée, mais d’une violence physique ciblée, en plein jour, sous les yeux d’un enfant. Cette audace choque autant qu’elle interroge : comment en est-on arrivé là ? Les racines sont complexes, mêlant ignorance, préjugés et un climat social tendu où la différence devient une cible.

"On a touché à un rabbin, mais c’est un citoyen français. Ça devrait concerner tout le monde."

Alexandra Levy-Druon, avocate d’Arié Engelberg

Un Appel à l’Action : Le Sursaut National

Face à cette agression, Alexandra Levy-Druon ne se contente pas de défendre son client. Elle appelle à un "sursaut national", une mobilisation collective pour enrayer cette vague de haine. Mais qu’entend-elle par là ? Ce n’est pas juste une formule : c’est une invitation à repenser notre façon de vivre ensemble, à dépasser les divisions pour affirmer une solidarité sans faille.

Ce sursaut, c’est d’abord une prise de conscience. Il s’agit de reconnaître que l’antisémitisme n’est pas un problème réservé à une communauté, mais une attaque contre les fondations mêmes de notre société. Ensuite, c’est une action concrète : renforcer l’éducation, durcir les sanctions, encourager les initiatives locales qui favorisent le dialogue. À Orléans, la marche silencieuse est un premier pas, mais elle ne suffira pas seule.

Imaginez un instant : des écoles où l’on enseigne dès le plus jeune âge le respect de l’autre, des campagnes nationales qui célèbrent la diversité, des peines exemplaires pour ceux qui passent à l’acte. Ce tableau peut sembler utopique, mais il est à portée de main si chacun y met du sien. Le sursaut, c’est aussi ça : une responsabilité partagée.

La Voix des Victimes : Un Silence Éloquent

Arié Engelberg, lui, préfère rester en retrait. "Il ne participera pas à la marche", précise son avocate. "Il veut protéger sa famille et éviter l’exposition médiatique." Ce choix, loin d’être une faiblesse, révèle une dignité poignante. Cet homme, dont la vie a été bouleversée en un instant, refuse de devenir un symbole malgré lui. Pourtant, son silence parle plus fort que bien des discours.

Son fils, âgé de seulement 9 ans, porte lui aussi les stigmates de cette violence. Comment expliquer à un enfant que son père a été attaqué pour ce qu’il est ? Cette question hante les proches du rabbin et rappelle l’urgence d’agir. Car derrière chaque acte antisémite, ce sont des vies brisées, des familles marquées à jamais.

Une Société à la Croisée des Chemins

Ce drame met la France face à un miroir. D’un côté, une nation fière de ses valeurs universalistes ; de l’autre, une réalité où la haine prospère encore. L’antisémitisme n’est pas une nouveauté, mais sa résurgence sous des formes aussi violentes interpelle. À Orléans, ville jusque-là épargnée par ce type d’incidents, l’onde de choc est d’autant plus forte.

Les réactions ne se sont pas fait attendre. À Paris, dimanche soir, une centaine de personnes se sont rassemblées place de la Bastille, brandissant des pancartes comme "Rabbin attaqué, République en danger". Ces initiatives montrent une volonté de ne pas baisser les bras, mais elles soulignent aussi une solitude ressentie par certains. "On aimerait ne pas être seuls", confie une participante. Ce cri du cœur résume le défi : transformer l’indignation en action collective.

Et si ce sursaut national passait par des innovations sociales ? Par des projets qui réunissent les citoyens au-delà des différences ? Des associations locales aux campagnes nationales, les idées ne manquent pas. Le vrai test sera de les concrétiser, de passer des mots aux actes.

Les Leçons d’un Passé Toujours Présent

L’histoire nous offre des leçons précieuses. Les périodes où l’antisémitisme a flambé – que ce soit dans les années 1930 ou lors des vagues plus récentes – ont souvent été marquées par une indifférence coupable. Aujourd’hui, cette indifférence n’est plus une option. Chaque agression est un signal, un appel à ne pas détourner le regard.

À Orléans, la communauté juive, bien que soudée, se sent ébranlée. Mais elle n’est pas seule. Les messages de soutien affluent, de citoyens ordinaires aux responsables politiques. Cette solidarité spontanée est un premier pas, mais elle doit s’inscrire dans la durée. Car la haine, elle, ne s’arrête pas d’elle-même.

Et si on regardait plus loin ? Si on s’inspirait de modèles étrangers où des programmes éducatifs ont réduit les préjugés ? En Allemagne, par exemple, des initiatives scolaires ont montré leur efficacité. Pourquoi ne pas adapter ces idées à notre contexte, en misant sur la jeunesse pour bâtir un avenir plus apaisé ?

Vers une Réponse Collective et Innovante

Le "sursaut national" évoqué par l’avocate d’Arié Engelberg n’est pas qu’un vœu pieux. Il peut prendre des formes concrètes, ancrées dans des innovations sociales. Prenons quelques exemples : des ateliers interculturels dans les quartiers, des campagnes numériques pour déconstruire les stéréotypes, ou encore des partenariats entre écoles et associations. Ces idées, simples en apparence, ont le pouvoir de changer les mentalités.

À un niveau plus large, les institutions ont un rôle clé. Renforcer les lois contre les crimes de haine, oui, mais aussi investir dans la prévention. Car punir ne suffit pas : il faut désamorcer les tensions avant qu’elles n’explosent. Cela passe par des moyens, mais surtout par une volonté politique forte.

Et les citoyens dans tout ça ? Chacun peut agir à son échelle. Participer à une marche, engager une conversation, soutenir une initiative locale. Ces petits gestes, multipliés, créent une vague. À Orléans, ce mardi soir, chaque pas dans la marche silencieuse sera une réponse à la violence, un refus de l’indifférence.

Un Défi pour l’Avenir

Alors, ce sursaut national est-il possible ? Oui, mais il demande du courage. Le courage de regarder la réalité en face, de ne pas minimiser, de ne pas relativiser. Le courage d’agir, aussi, au-delà des déclarations. L’agression d’Arié Engelberg n’est pas qu’une tragédie personnelle : elle est un test pour notre société.

Dans les jours à venir, les regards seront tournés vers Orléans. La marche de ce mardi soir ne sera pas qu’un hommage : elle sera un symbole. Mais après ? La vraie victoire serait de transformer cette indignation en un mouvement durable, où l’antisémitisme n’aurait plus sa place. C’est là tout l’enjeu.

Pour Arié Engelberg et son fils, le chemin sera long. Le choc ne s’efface pas en un jour. Mais leur histoire pourrait devenir le déclencheur d’un changement plus vaste. À nous de décider si ce sursaut restera un mot ou deviendra une réalité. Et vous, que ferez-vous pour y contribuer ?