
Le Canada cherche l’équilibre entre innovation et réglementation en IA
Alors que les États-Unis et l'Union Européenne s'éloignent dans leurs approches de la réglementation de l'intelligence artificielle, le Canada cherche à trouver un juste milieu. Lors du Sommet sur l'Action pour l'IA qui s'est tenu à Paris cette semaine, le pays a réaffirmé sous le leadership du Premier Ministre sortant Justin Trudeau son engagement en faveur d'un développement responsable de cette technologie de rupture.
Un sommet pour façonner l'avenir de l'IA
Co-organisé par la France et l'Inde, l'événement de deux jours a rassemblé des dirigeants politiques, des PDG de la tech, des chercheurs et des ONG de plus de 100 pays pour discuter des politiques nationales et internationales en matière d'IA. La délégation canadienne comprenait des entreprises comme Cohere et des organismes tels que l'Institut Canadien de Recherches Avancées.
En signant un traité international juridiquement contraignant ainsi qu'une déclaration mettant l'accent sur les droits de l'Homme, l'accessibilité et la transparence, le Canada a marqué son alignement avec l'approche pro-réglementaire de l'UE. Une position qui tranche avec celle de la nouvelle administration américaine, qui fustige une régulation "excessive".
Des réactions mitigées des entreprises tech canadiennes
Si certains dirigeants de la tech, comme le président de Shopify Harley Finkelstein, ont salué la position américaine en faveur d'une dérégulation, d'autres se montrent plus réservés. Sara Hooker, VP Recherche chez Cohere, souligne la "complexité" des débats, notant que même l'UE semble peiner à trouver un équilibre entre sécurité et innovation.
Malgré une participation accrue des pays, la tendance générale était au réalisme et les lignes de faille suivaient les frontières nationales.
Sara Hooker, VP Recherche chez Cohere
L'héritage AI de Trudeau en question
Les engagements pris par le Canada à Paris interviennent dans les derniers jours de mandat de Justin Trudeau, qui a annoncé sa démission une fois son successeur désigné. Ils pourraient représenter certaines de ses ultimes contributions à la politique d'IA canadienne, le projet de loi C-27 ayant peu de chances d'être réactivé.
Le pays poursuivra néanmoins son travail sur la scène internationale en accueillant le Sommet du G7 en Alberta en juin prochain. Lors d'une table ronde dimanche, Trudeau a indiqué que les discussions sur une IA alimentée par une électricité propre seraient une priorité de l'événement. Des échanges qu'il ne mènera cependant pas, puisqu'il aura alors quitté ses fonctions.
Vers une troisième voie à la canadienne ?
Entre un modèle américain prônant l'innovation à tout prix et une approche européenne plus stricte, le Canada semble vouloir tracer son propre chemin. Un équilibre délicat, qui devra permettre de libérer le potentiel de l'IA tout en protégeant les citoyens de ses dérives potentielles.
Une chose est sûre : dans un domaine en constante évolution, rien n'est figé. Les prochains mois seront décisifs pour savoir si le Canada parviendra à imposer sa vision d'une IA à visage humain, conciliant progrès technologique et préservation des valeurs fondamentales. Un défi de taille, qui engagera l'avenir du pays et, peut-être, du monde.