
Les 5 Questions Clés sur le Départ de Carlos Tavares de Stellantis
La démission surprise de Carlos Tavares, l'emblématique patron de Stellantis, crée une onde de choc dans le monde automobile. Annoncée dimanche 1er décembre au soir, avec effet immédiat, elle soulève de nombreuses questions quant à l'avenir du cinquième constructeur mondial. De la recherche d'un successeur au maintien du cap stratégique, en passant par l'empreinte industrielle et le climat social, voici les 5 enjeux majeurs auxquels le groupe doit désormais faire face.
Pourquoi un départ si soudain ?
C'est la dégradation des performances financières de Stellantis qui semble avoir précipité la chute de Carlos Tavares. Malgré une marge opérationnelle encore enviable, celle-ci s'est érodée ces derniers mois, plombée notamment par les résultats décevants sur le marché américain. Un coup dur pour celui qui avait habitué le groupe à viser l'excellence. Selon des sources proches du conseil d'administration, Carlos Tavares aurait vécu « comme une humiliation » l'avertissement sur résultats de fin septembre. Son management intransigeant et son obstination à « rendre une copie parfaite » auraient fini par lui coûter sa place.
Maxime Picat ou Antonio Filosa pour prendre la relève ?
Trouver un nouveau capitaine pour ce navire de 14 marques et 300 000 salariés ne sera pas chose aisée. Deux profils émergent en interne : Maxime Picat, le Français qui dirige les achats, et Antonio Filosa, l'Italo-Brésilien à la tête de Jeep et des opérations nord-américaines. Mais la piste d'un recrutement externe n'est pas exclue. « Les précédents d'Exor suggèrent une recherche étendue au-delà de l'automobile », selon les analystes de Jefferies. Le choix final en dira long sur les nouveaux équilibres de pouvoir au sein de Stellantis.
Quel avenir pour les usines européennes ?
Carlos Tavares s'était engagé fin novembre à ne fermer aucun site en France d'ici 2026. Mais son départ remet en cause ces promesses. « Comment croire un démissionnaire ? », s'inquiète Frédéric Lemayitch, de la CFTC, en rappelant le sort de l'usine anglaise de Luton, condamnée sans préavis. Selon les experts, Stellantis souffre de surcapacités en Europe. Va-t-il suivre la voie des réductions d'effectifs et des délocalisations, notamment dans la R&D logicielle ? C'est tout l'enjeu des prochaines négociations sociales.
Vers un climat social apaisé ?
Les tensions étaient vives ces derniers mois chez Stellantis. Plans sociaux, réorganisations, turnover élevé... Les syndicats mettent en cause le management « brutal » de Carlos Tavares et appellent son successeur à ramener de la « sérénité » et de la « stabilité », en particulier en France où le malaise est profond. « Nous avons besoin de retrouver un climat social plus serein », martèle la CFE-CGC. Renouer le dialogue et remotiver les troupes : un défi de taille pour le prochain patron.
14 marques, est-ce tenable ?
Stellantis possède l'un des plus vastes portefeuilles de marques du secteur. De Peugeot à Maserati en passant par Opel et Chrysler... Pas moins de 14 griffes cohabitent, auxquelles s'ajoute désormais le Chinois Leapmotor. Un atout ou un handicap dans un marché en pleine mutation ? Sous Carlos Tavares, aucune n'a disparu, même les plus fragiles. Mais son successeur pourrait être tenté de faire le ménage. Certains actifs pourraient attirer les convoitises, notamment chinoises.
Le chantier est immense pour le futur patron de Stellantis. Dans un contexte de révolution électrique et numérique, il va devoir réinventer le groupe tout en restaurant sa compétitivité et sa cohésion interne. Un virage stratégique périlleux, qui conditionnera la place du mastodonte franco-italo-américain dans la compétition automobile mondiale des prochaines années. Les paris sont ouverts !